L’invention du papier, datée officiellement de 105 après J-C, reste auréolée d’un voile de mystère. A cette date, l’eunuque Caï-Lun, haut fonctionnaire de l’Etat chinois, en mentionne l’existence dans un rapport remis à son empereur.
Bien que n’en étant pas son inventeur, son nom restera intimement lié à l’apparition du papier dans la tradition chinoise, tant et si bien qu’il sera déifié et deviendra pour des générations de papetiers le Dieu Protecteur.
Mais de quel papier parlons-nous ?
L’étude de manuscrits découverts au Turkestan, datés du IIème au VIIIème siècle après J-C démontre l’utilisation d’écorce de mûrier, de chanvre brut ou travaillé, et de différentes fibres végétales, provenant notamment de chiffons. Ces chiffons, ces écorces et ces végétaux étaient placés dans un mortier et arrosés d’eau, puis pilés à l’aide d’un maillet ou d’un pilon jusqu’au défibrement de la masse, et l’obtention d’une pâte relativement homogène.
Cette pâte étaient ensuite versée et étalée dans un moule composé d’un cadre en bois et d’un tressage de rotin qui retenait les fibres et laissait l’eau s’échapper à travers. Avec une texture fine et absorbante, le papier chinois ainsi obtenu fit la joie des calligraphes de l’Empire du Milieu. Les bibliothèques s’étoffèrent de centaines de manuscrits. Songeons que celle de l’Empereur T’ai Tsung (627-649) compta jusqu’à 20 000 volumes !